Paroles d'auteurs

Paroles d'auteurs

 

Il ponte tibetano di Claviere

e la montagna in stile Marchisio

 

Esistono molti modi di approcciarsi alla montagna. C’è un oggettività della disciplina sportiva ma anche e soprattutto la soggettività di chi la ama e la fa diventare parte della propria vita. In questo spettro quasi infinito di sfumature c’è lo stile di Lodovico Marchisio. Lui la montagna la condivide e la condisce con un’abbondante dose di avventura. Che poi diventa racconto. Lo sanno bene (23 soci CAI col sottoscritto) quanti la scorsa domenica lo hanno seguito a Claviere per cimentarsi con il ponte tibetano (il più lungo del mondo). Come nel film “Il minestrone” si parte in pochi e si arriva in tanti. Ma, a differenza del film di Segio Citti, la fame è stata saziata eccome, con l’emozione di un camminata sul cielo e con il piacere di una variegata compagnia che si è poi liberamente e allegramente sparpagliata. Tra i ventitré discepoli di Lodovico anche la signora Wanda, 84 anni e non sentirli. Grinta, allegria e il sentiero delle Gorge percorso con la spensieratezza di una ragazzina. Questo e altro ancora è lo stile Marchisio. E ognuno ne ha un pezzo solo suo. Una vetta impossibile e tuttavia raggiunta. Una giornata che supera di parecchio le 24 ore. Una via reinventata. Personaggi improbabili in luoghi inaccessibili. Eppure ci arrivano. E tornano. Che alla fin fine ritrovarsi con i piedi sulla terra ferma pare un miracolo. Ma il vero miracolo è riuscire a mettere tutte quelle cose dentro una persona sola. Alla fine o lo ami o lo detesti. Comunque lo ringrazi per averti trascinato là dove forse non saresti mai andato di tua spontanea volontà. E ti si aprono mondi nuovi. L’esperienza Claviere ne è un’efficace sintesi: dall’alto (il ponte), dal basso (il sentiero), in verticale (la ferrata), in profondità (il bunker). Sembra molto. Invece si tratta solo di un assaggio.

Patrizio Righero 



Paul BARRUEL  (1901 – 1982)

 

Savez-vous que dans mon village, nous avons accueilli un artiste, un savant, un aquarelliste des oiseaux, des mammifères et des végétaux, un scientifique qui a choisi de venir habiter là, venant de Paris, pour observer et dessiner la nature.

Pourquoi à Saint Jean d’Arvey, situé en Savoie, à 600 m d’altitude, avec sa renommée du village le plus ensoleillé de Savoie avec Saint Pierre d’Albigny ?

Parce qu’il savait y trouver une grande communion de ses habitants avec la nature. C’était donc Paul Barruel venu y habiter en 1947.

Déjà on peut dire que Jean-Jacques Audubon et Paul Barruel ont chacun marqué leur siècle dans la même spécialité. L’un, Audubon, au 19ème siècle a eu le projet démesuré de "repérer, de peindre, de décrire les oiseaux d’Amérique", ainsi que sa flore, dit sa biographie écrite par Henri Gourdin (parue aux Editions Domens en 1998) avec le titre : Jean-Jacques Audubon, un Buffon de Génie. Seulement lui a eu des timbres édités par la Poste, beaux timbres représentant ses dessins d’oiseaux. Les collectionneurs sont ravis d’en trouver encore.

Mais au 20ème siècle, c’est Barruel qui était connu de tous les scientifiques s’occupant d’ornithologie et de mammalogie ; ses ouvrages illustrés touchant à tous les continents peuvent en témoigner. Pour lui, pas de timbres pour les collectionneurs. Dommage.

Resteront ses ouvrages, les parutions du Musée de La Chaux de Fonds ou les affiches de la Société Nationale de Protection de la Nature et de la Fédération Nationale des Sociétés de Sciences Naturelles.

 

Accompagné de Madame Barruel, il se déplaçait à pied dans le village, même très loin, jusqu’au hameau du Nivolet, où une famille l’invitait à partager son repas en toute amitié.

Ses observations d’oiseaux dans la campagne, ont contribué à le décrire comme quelqu’un de calme et silencieux. A l’inverse des agriculteurs qui allaient dans les champs pour s’y activer, lui, restait des heures en attente, en alerte pour voir un vol de grives litornes ou autre oiseau comme la pie, ou bien migrant vers d’autres cieux, traçant au crayon quelques éléments dans ses carnets, pour ensuite les dessiner si minutieusement, arrivé dans le petit bureau de sa maison.

Si son ami, Olivier Messiaen venait le voir, il l’entraînait dans un endroit connu de lui seul, où le musicien pouvait trouver à enregistrer les chants de tel oiseau. A l’aide d’un immense fil électrique déroulé, il fallait demander dans une maison le bon vouloir de son habitant pour le brancher à la prise, pour avoir, avec un micro installé dans l’arbre adéquat, un bon enregistrement. Situation insolite dans notre village rural.

Il était ami avec mon père, le forgeron du village, mais il l’était aussi avec tout le monde. Il connaissait tous les habitants, les enfants aussi, qu’il aidait avec Sara sa femme, à faire leurs devoirs.

Le car emmenait le couple à Chambéry d’où la gare lui permettait de se rendre, en train, dans les villes où il pouvait aller pour satisfaire sa passion pour les oiseaux. Fidèle visiteur des Muséums de Genève, de Paris et d’autres musées, oui, nous avons été très honorés, au village, d’avoir pu côtoyer ce couple de 1947 à 1977.

A son départ définitif de la vie, la ville de Chambéry avait présenté une si belle exposition de ses aquarelles au Musée Savoisien en 1982, exposition déjà en préparation alors qu’il vivait encore ; exposition qu’il n’aura pas vue mais qui nous a bien régalés.

Beaucoup de ses œuvres se trouvent au Musée d’histoire naturelle de La Chaux de Fonds grâce à la passion de son ancien conservateur pour le talent de Barruel.

Je possède quelques ouvrages et je les garde comme un trésor.

 

Vous pouvez encore trouver un ouvrage édité par les Editions de la Girafe – Musée d’histoire naturelle CH 2300 La Chaux de Fonds en collaboration avec le Muséum d’histoire naturelle F-38000 Grenoble dont le titre est : "Paul Barruel artiste et naturaliste 1901 – 1982" écrit par Gérald W. Le Grand. Très beau livre avec la reproduction fidèle de ses dessins.

 

Vient de sortir récemment un ouvrage aux Editions Larousse "Carnets Secrets d’un ornithologue" de Frédéric Jiguet et Robert Daniel Etchécopar illustré par les aquarelles de Paul Barruel.

 

Geneviève ROUX CREMILLEUX

 

 

 

Texte de Geneviève Roux-Cremilleux

« Pourquoi retourner dans le hameau du village de Thoiry en Savoie, hameau jamais revu depuis l’exode rural ?

Mais j’y suis allée. Voilà pour le décrire en 2010 mes impressions d’un jour.

 

Les fermes de Thorméroz

 

Elles sont là, toutes les unes à coté des autres.

Elles attendent. Elles me regardent. Avec leurs gros murs, leurs grands toits, leurs petites fenêtres, leurs portes fermées. Elles attendent. Qu’on mette la clé dans la serrure, qu’on ouvre leur porte, qu’on allume un feu de bois dans le fourneau ; mais les écuries sont fermées. Elles ne s’ouvriront plus pour laisser rentrer toutes leurs belles tarines, leur mulet, leur cheval. Elles ne s’ouvriront plus pour accepter la femme qui viendra traire, nourrir les poules caquetant dans la cour ou sur le tas de fumier.

Elles attendent.

Elles ne savent pas que les écuries resteront vidées de leur bétail, de la paille des litières, des meuglements qui demandent le foin, des aboiements des chiens de berger. Elles voient de temps en temps passer un tracteur, alors elles sourient, les vitres de leurs fenêtres étincellent au soleil et pensent que les troupeaux vont venir piétiner la cour et boire dans le bassin. Elles n’ont pas vu, que l’eau ne coulait plus au bourneau, que plus personne n’élevait des lapins dans des cages adossées contre leurs murs, au soleil. Personne ne les fera partir. Elles sont toujours là, immobiles, au même endroit. C’est leur place, à elles, les maisons. Elles sont plantées dans la terre. Elles auront toujours le soleil pour elles, la pluie pour elles, la neige pour elles. Elles ont beau accueillir des hommes, des femmes, des enfants, leur ouvrir leurs portes, les consoler de leur vie passée, elles resteront pareilles, grandes, posées là, protégées par leur toit, décorées de balcon, d’escaliers, de portes anciennes en bois et plein de souvenirs.

Elles attendent.

Elles attendent que la porte de l’écurie s’ouvre, laisse passer la femme et son seau de lait, qui viendra le poser sur le plancher de la cuisine avant d’en donner l’écume à boire aux enfants, aux chats, et d’en faire cailler le reste pour faire le fromage et "la cailla".

Elles attendent que l’homme rentre des champs, fatigué mais heureux, vienne s’asseoir vers le fourneau où cuit la soupe de légumes avec le morceau de lard, qu’il réchauffe son corps avant d’aller manger le repas du soir.

Elles attendent.

Je les regarde, elles me regardent, sont étonnées de me reconnaître, de voir que je touche leur pierre, leur bois, que je marche dans la cour, que je leur tourne autour pour mieux les admirer, les sentir, les voir, les respirer, les aimer.

Mais elles ne peuvent plus rien me donner car je suis partie il y a longtemps et je les ai laissées vides, de les ai abandonnées.

Elles attendent. Encore.

 

                                                                                                              Geneviève ROUX-CREMILLEUX

                                                                                                                             30 novembre 2010